lundi 26 octobre 2009

La désignation du Président Barak Obama comme lauréat du prix Nobel de la paix 2009 a entrainé une vague de réactions des dirigeants internationaux. Beaucoup de dirigeants d’Europe occidentale réagirent positivement, avec le Président français Nicolas Sarkozy affirmant que ce prix montrait que « l’Amérique était de retour dans le cœur des peuples du monde ». La Chancelière allemande Angela Merkel a déclaré que ce prix était un encouragement à agir davantage pour la paix mondiale. (New York Times, 9 octobre 2009).
Le président du comité Nobel, Thorbjoern Jagland, ancien Premier ministre norvégien travailliste, a essayé d’expliquer que « dans trois ans, il pourrait être trop tard pour répondre » à l’appel d’Obama pour un changement. Le Comité Nobel a précisé que c’était les efforts Obama pour régler le conflit de l’Occident avec les nations musulmanes et ses efforts pour le désarmement nucléaire qu’ils avaient trouvés particulièrement dignes de ce prix.
Il existe une raison moins connue pour laquelle le Comité norvégien et l’ensemble de l’Europe occidentale soutiennent la diplomatie du président Obama avec l’Iran. Beaucoup de dirigeants européens ont tout intérêt à satisfaire le président iranien Ahmadinejad à cause de l’implication de leur pays dans l’industrie iranienne du pétrole et du gaz.

Le Tehran Times, le plus important quotidien iranien de langue anglaise a révélé le 29 août 2009 les principaux contrats énergétiques de l’Iran avec ses partenaires européens. « L’Iran a négocié avec plus de 30 entreprises de 9 pays européens ces dernières années pour mener à bien des projets en matière d’énergie, malgré les sanctions économiques mondiales et les pressions politiques » précise l’article.

Les compagnies pétrolières et gazières de Norvège, en particulier, sont fortement impliquées dans la production énergétique de l’Iran. Statoil, la plus grande compagnie pétrolière norvégienne est en train de développer ce qui est connu comme le projet de « South Pars », projet d’exploitation du plus grand gisement iranien de gaz. Dans une dépêche de Reuters (2 avril 2009) Statoil a indiqué que s’il n’y avait pas « d’amélioration durable et notable dans les relations de Téhéran avec l’Occident », l’entreprise ne pourrait pas élargir ses activités.

La politique diplomatique engagée par Obama envers l’Iran a offert aux compagnies énergétiques européennes un nouvel espoir après des années d’isolement de l’Iran sous l’administration Bush. Selon l’article de Reuters, « les principales entreprises énergétiques sont très désireuses de pouvoir travailler sur les deuxièmes plus grandes réserves de gaz du monde mais ont hésité à investir des sommes énormes sous la pression de leurs propres gouvernements et de Washington ». Le vice-président de Statoil, Peter Mellbye a indiqué dans la dépêche de Reuters que les premiers mois de la présidence de M. Obama ont montré « qu’il pourrait y avoir des signes d’amélioration… ».

En plus des liens économiques de la Norvège avec l’Iran, le Tehran Times a signalé qu’en 2008, le groupe énergétique suisse EGL a signé avec l’Iran un contrat d’achat de gaz sur 25 ans d’une valeur de plus de 13 milliards de dollars. Ces dernières années, les entreprises énergétiques françaises notamment Technip Conflext, ont construit des usines pétrochimiques dans le golfe Persique valant des centaines de millions de dollars. L’Espagne a entamé des négociations avec la compagnie nationale de gaz iranien pour construire des raffineries. L’Autriche, l’Italie, la Turquie, la Russie et la Chine sont également impliqués dans des projets énergétiques iraniens.

Il est clair alors, que l’Europe occidentale favorise le dialogue avec l’Iran par rapport à l’action militaire et que les dirigeants européens favorisent la politique du président Obama. Une politique de ligne dure contre les armes nucléaires iraniennes, qui implique une action militaire internationale mettrait en cause les milliards de dollars d’investissements européens dans la production énergétique de l’Iran.

Si le président Obama peut faire plus pour renforcer cette relation lucrative, le continent qui a le plus à gagner est l’Europe. Et le Prix Nobel de la paix, comme le Comité Nobel norvégien l’a dit, ne représente qu’une façon d’exhorter le président des États-Unis à avancer dans cette direction.

En effet, M. Jagland lui-même fait tout ce qu’il peut pour rendre le président Ahmadinejad heureux. En tant que Président du conseil d’administration du « Centre d’Oslo pour la paix et les droits de l’homme », il a refusé de reconnaître les atteintes aux droits de l’homme pour les jeunes iraniens tués par le régime islamique dans les rues iraniennes (Manda Zand Ervin, article du National Review, Octobre 15, 2009). Les autres violations des droits de l’homme commises en Iran ont également reçues peu de réactions de la part des pays européens qui n’ont pas de problème par contre quand ils condamnent publiquement Israël de crimes de guerre présumés.

La dictature iranienne ne recule devant rien pour s’emparer du pouvoir et pour promouvoir son programme islamiste radical, ni devant les persécutions de sa minorité non musulmane connue sous le nom de Bahai’s, ni devant la force pour assurer sa victoire aux élections nationales. Selon le « Jerusalem Center for Public Affairs » dans son bulletin de Septembre, « l’Iran est une vraie puissance révolutionnaire dont les aspirations s’étendent aux états producteurs de pétrole ». En effet, le soutien de l’Iran aux groupes islamiques radicaux atteint à travers le Moyen-Orient, les organisations terroristes situées au Liban, en Arabie saoudite, en Egypte, au Soudan et à Gaza. En tant que principal fournisseur d’armes au Hamas, (Washington Institute for Near East Policy, le 8 Octobre, 2009), l’Iran soutient financièrement et militairement la guerre brutale de roquettes contre la population civile du sud d’Israël.

Pendant que l’Europe occidentale continue ses investissements économiques dans l’énergie iranienne et autorise le président Ahmadinejad à cracher sa haine contre Israël et l’Occident à la tribune des Nations Unies, l’Iran gagne du temps pour devenir la centrale nucléaire du Moyen-Orient. Il est temps que la Norvège et l’Europe mettent le pétrole de côté et répondent aux actions du président Ahmadinejad – au lieu des appels du président Obama – pour le changement. Après tout, la position potentielle de l’Iran comme puissance nucléaire pourrait très bien entraîner le chaos et l’instabilité – au lieu de la paix – dans cette région du monde.

adapté par Danielle Elinor Guez

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