Le 6 juillet, je voyageai en direction de Genève afin de témoigner devant la Mission d’Etablissement des Faits des Nations Unies sur le conflit à Gaza. Parmi les membres des délégations se trouvaient le maire d’Ashkelon. Benny Vaknin, le Dr Alan Marcus, Directeur de la branche «planification stratégique» d’Ashkelon, Ophir Shinhar, du Collège Sapir, et le Dr. Mirelda Sidrer, qui a été blessée lors d’une attaque de roquette sur un établissement médical situé dans la galerie marchande d’Ashkelon.
La délégation israélienne incluait également Noam Shalit, qui a parlé de manière vibrante au nom de son fils qui a été enlevé voici trois ans par des terroristes palestiniens et est, depuis, retenu par le Hamas.
Le gouvernement israélien a officiellement refusé de coopérer avec la Mission des Nations Unies, étant donné que l’enquête menée par les Nations Unies avait déjà donné lieu à des conclusions affirmant qu’Israël avait commis des crimes de guerre au cours de la guerre de décembre-janvier.
Au même moment, cependant, le chef de la Mission d’Etablissement des Faits des Nations Unies, le juge Sud-Africain Richard Goldstone, déclarait aux médias israéliens qu’il désirait entendre les deux parties au conflit. «Le but des auditions publiques était de permettre au visage de la souffrance humaine d’être vu et de permettre aux voix des victimes d’être entendues.»
En vue de l’audition de Genève, la Mission des Nations Unies a invité le Centre des Médias de Sderot [Sderot Media Center, SMC], une ONG de [la ville de] Sderot, à préparer du matériel, des prises de vue et des informations concernant l’impact du bombardement [depuis] Gaza de la population civile israélienne du Néguev au cours de la guerre de Gaza. La Mission des Nations Unies désirait obtenir une perspective israélienne non-officielle.
Avant l’audition des Nations Unies à Genève, la délégation israélienne a bénéficié d’un briefing de Hillel Neuer, à la tête de l’ONG «UN Watch». Neuer a fournit [à la délégation] des informations sur la Mission d’Etablissement des Faits et sur l’agenda de chaque juge membre du comité d’enquête des Nations Unies.
Au cours des jours précédent le témoignage, il n’était pas facile de dormir – en tant que seul résident de Sderot et du Néguev occidental dans cette délégation, sachant que [je] n’aurais que 30 minutes pour faire comprendre [aux membres de la Mission] l’impact dévastateur que le terrorisme aérienne a eu sur la population civile de Sderot.
Parallèlement, les Nations Unies offraient une opportunité au Centre des Médias de Sderot – qui est spécialisé dans la transmission de l’histoire humaine de Sderot et de la vie sous le terrorisme continu des roquettes aux décideurs du monde entier – d’avoir enfin accès aux Nations Unies.
Tandis que la délégation se préparait à témoigner dans la «fosse aux lions», il était encore moins tranquillisant de savoir que l’un des juges des Nations Unies était le Professeur Christine Chinkin, de Londres. Dans un article publié le 11 janvier dans le Sunday Times, le juge Chinkin a soutenu l’allégation selon laquelle «le bombardement israélien de Gaza n’est pas de la légitime défense, c’est un crime de guerre».
Les journalistes israéliens à Genève [nous] ont posé des questions difficiles:
Pourquoi témoigner devant un juge aussi «neutre» qui prétend qu’Israël n’a pas le droit de défendre ses citoyens et que ses actions «sont équivalentes à une agression violant le droit international et le droit humanitaire» ?
Pourquoi témoigner lorsque le gouvernement d’Israël lui-même a boycotté cette enquête, qui a déjà formulé ses allégations contre Israël avant même que l’enquête ne commence ?
Toutefois, la présence d’une délégation venant d’Israël invitée par les Nations Unies a créé un précédent.
Hillel Neuer, de UN Watch, a noté que jamais au cours des 16 ans qu’il a travaillé à Genève, il n’y avait eu un moment où les Nations Unies avaient invité ou même sponsorisé une délégation venant d’Israël a venir témoigner – jusqu’à présent.
Cette fois, les Nations Unies ont offert à des gens ordinaires d’Israël une opportunité de faire entendre leur voix à travers le monde. C’était un honneur, en tant que résident de Sderot, de participer à un tel événement.
Pourtant, la longue route menant à la paix et à la justice pour Sderot et pour les résidents du Néguev ne se termine pas devant un panel de juges ou un rapporteur de commission.
Les habitants d’Israël qui agissent comme témoins de la terreur [exercée] contre le peuple juif sont obligés de parler plus fort et de transmettre l’expérience de ce que signifie vivre sous la menace soutenue des attaques de roquette – définies comme un acte de terrorisme et un crime contre l’humanité.
Après la projection de deux courtes vidéos devant le panel de juges des Nations Unies, qui représentaient les 15 secondes que les habitants de Sderot et leurs enfants ont pour courir et sauver leur vie lorsque l’alarme est enclenchée par les roquettes imminentes venant de Gaza, j’ai conclu ma présentation avec les pensées et questions suivantes:
«Je n’ai pas assez de doigts pour compter sur mes mains le nombre de fois où des roquettes ont explosé à quelques mètres à peine d’un jardin d’enfants – est-ce qu’une seule démocratie occidentale au monde tolérerait que même une seule roquette ne soit tirée en direction de son territoire ? Pourquoi devons-nous attendre qu’un jardin d’enfants ou une salle de classe remplie d’enfants ne soit directement touché par une roquette pour qu’Israël obtienne du soutien international, pour protéger notre peuple et faire ce qui est bon pour lui ?»
Le Président américain Barack Obama l’a mieux dit [que moi], alors qu’il visitait une maison dévastée de Sderot au cours de sa campagne [électorale] en 2008:
«Si quelqu’un envoyait des roquettes sur ma maison, où mes deux filles dorment la nuit, je ferais tout ce qui est mon pouvoir pour l’arrêter, et je m’attendrais à ce qu’Israël fasse de même.»
Il n’y a pas eu de questions ou de réactions de la part des juges des Nations Unies. Nous allons tous devoir attendre, avec tous les résidents du sud d’Israël, pour lire le verdict de Genève sur la guerre lorsque le rapport de la Mission des Nations Unies sera publié en septembre.
Pour plus d’informations sur la délégation israélienne aux Nations Unies et sur la présentation du SMC, cliquez sur les liens ci-dessous:
Source: Noam Bedein, Sderot Media Center – vendredi 10 juillet 2009
Traduction CICAD